QU’ EST–CE QUI C’EST LA POÉSIE?
“C’est
surtout dans la spiritualité des idées que consiste la poésie. ”
“La
lyre est en quelque manière um instrument ailé. ”
“La
poésie à laquelle Socrate disait que les Dieux l’avaient averti de s’appliquer,
doit être cultivée dans la captivité, dans les infirmités dans la vieillesse.
C’est celle-là qui est les délices des mourants. ”
“Dieu,
ne pouvant pas départir la vérité aux Grecs, leur donna la poésie.”
“Qu’est-ce
donc que la poésie? Je n’en sais rien en ce moment;
mais je soutiens qu’il se trouve dans tous les mots employés par le vrai poète,
pour les yeux un certain phosphore, pour le goût un certain nectar, pour
l’attention une ambroisie qui n’est point dans les autres mots.”
“Les beaux vers sont ceux qui s’exhalent comme des
sons ou des parfums.”
“Il
y a des vers qui, par leur caractère, semblent apppartenir au règne minéral;
ils ont de la ductilité et de l’éclat. D’autres
au règne végétal; ils ont de la sève. D’autres enfin appartiennent au règne
animal ou animé, et ils ont de la vie. Les plus beaux sont ceux qui ont de
l’âme; ils appartiennent aux trois règnes, mais à la Muse encore plus.”
C’est le sentiment de
cette Muse qui lui inspirait ces jugements d’une concision ornée, laquelle
fait, selon lui, la beauté unique du style:
“Racine: - son élégance
est parfaite; mais elle n’est pas suprême comme celle de Virgile.”
“Notre véritable Homère,
l’Homère des Français, qui le croirait? c’ est La Fontaine.”
“Le
talent de J.-B. Rousseau remplit l’intervalle qui se trouve entre La Motte et
le vrai poète.”
Quelle place immense,
et d’autant plus petite! Ironie charmant!
Et la poésie, la beauté
sous toutes les forms, il la sentait:
“Naturellement,
l’âme se chante à elle-même tout ce qui est beau ou tout ce qui semble tel. Elle ne se le chante pas toujours avec des vers ou des paroles mesurées,
mais avec des expressions et des images où il y a un certain sens, un certain sentiment,
une certaine forme et une certaine couleur qui ont une certaine harmonie l’une
avec l’autre et chacune em soi.”
Par
l’attitude de sa pensée, il me fait l’effet d’une colonne antique, solitaire,
jetée dans le moderne, et qui n’a jamais eu son temple.
Vieux
et blanchissant, il se comparait avec grâce à un peuplier: “Je ressemble à un peuplier;
cet arbre a toujours l’air d’être jeune, même quand il est vieux.” Albaque
populus.
M. Joubert, jeune
encore en 89, vit arriver la Révolution française avec des espérances vastes
comme son amour des hommes. Il persista long-temps à ne l’envisager que par son côté
profitable à l’avenir, et, à travers tout, régénérateur. Lié avec le
conventionnel Lakanal, il eut moyen d’être de bon conseil pour les choses de
l’instruction publique le lendemain des jours de terreur et de ruine. Ses idées en philosophie sociale ne se
modifièrent que par un contre-coup assez éloigné de ce moment: au sortir de 9
thermidor, il paraît avoir cru encore aux ressources du gouvernement’ par (ou
avec) le grand nombre: il écrivait à Fontanes qui, caché durant quelques mois,
reparaissait au grand jour.
JOUBERT
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